Afficher un bien à louer sans diagnostic de performance énergétique, c’est jouer à quitte ou double avec la loi et le marché. Les règles sont claires, les contrôles renforcés. Pourtant, certains propriétaires s’en remettent encore aux failles ou aux exceptions, souvent au risque de voir leur projet locatif s’effondrer en plein vol.
Au fil des années, la vigilance s’est imposée. Aujourd’hui, négliger le DPE, c’est ouvrir la porte à des sanctions sévères et à un terrain glissant lors de conflits avec les locataires ou lors d’une revente précipitée du bien.
Louer sans DPE : que dit la loi aujourd’hui ?
Les hésitations appartiennent au passé. Depuis l’entrée en vigueur de la loi Climat et Résilience, la location immobilière fonctionne sous un régime strict : le diagnostic de performance énergétique est devenu obligatoire et incontournable dans chaque bail. Absolument tous les logements destinés à être loués, maison comme appartement, location vide ou meublée, se retrouvent concernés. Impossible d’y échapper.
Valable dix ans, le DPE indique précisément la consommation d’énergie d’un bien et sa classe énergétique. Omettre ce document lors d’une vente ou d’une location, sauf situations très encadrées, expose aujourd’hui à des mesures répressives. La moindre annonce immobilière doit afficher les résultats du DPE dès sa publication. Impossible de jouer la montre ou de ruser, la loi encadre strictement la rédaction du bail : sans DPE joint, le contrat n’est pas complet. Cela donne au locataire toute latitude pour contester la validité du document ou réclamer réparation. Les tribunaux, eux, se montrent de plus en plus sévères, surtout face à des logements mal isolés, pointés du doigt par la politique publique.
Oublier le DPE, ce n’est pas cocher une case de travers. C’est s’exposer à des risques concrets : des sanctions financières, une remise en cause de la location, voire l’obligation d’indemniser un locataire en cas de litige. La transparence sur la consommation énergétique devient donc incontournable, autant pour protéger le bailleur que pour permettre au locataire de faire un choix éclairé.
Quels logements peuvent réellement échapper au DPE ?
La réglementation ne prévoit que de rares cas pour s’éviter l’étape du diagnostic. Certains logements sortent du champ d’obligation, pour des raisons techniques ou liées à leur usage. Quand aucune donnée exploitable ne peut être calculée, chauffage absent, dispositifs inadaptés, absence d’eau chaude centralisée,, le DPE remis sera « vierge ». Cela reste marginal.
Pour comprendre dans quels cas le DPE n’est pas imposé, voici un rappel des situations admises par les textes :
- Les bâtiments dédiés à un usage agricole ou artisanal, hors habitat, sont exclus du dispositif.
- Les constructions provisoires, démontables, qui ne restent pas en place plus de deux ans, passent entre les mailles du filet.
- Les sites isolés de moins de 50 m², comme certains abris ou annexes, ne sont pas concernés non plus.
Dans la réalité, il arrive que l’expert chargé du diagnostic constate l’impossibilité d’appliquer la méthode de calcul officielle : DPE vierge, donc, mais ce cas de figure reste l’exception. Pour la grande majorité des biens, impossible d’ignorer ses obligations sans en payer le prix. Afficher le diagnostic et informer le locataire, c’est cimenter la confiance et éviter de lourds échanges avec la justice.
Absence de DPE lors d’une location : quels risques pour le propriétaire ?
Louer sans DPE, c’est marcher sur un fil. Depuis la loi, la remise du diagnostic au locataire est devenue une réalité obligatoire pour chaque bailleur. Il suffit d’un oubli, même involontaire, pour déclencher un conflit et risquer bien plus qu’un simple rappel à l’ordre.
Dès qu’il découvre l’absence de ce document, le locataire se trouve en position de force. Plusieurs possibilités s’offrent à lui : il peut réclamer la diminution de son loyer, voire, s’il parvient à prouver un préjudice, demander l’annulation pure et simple du contrat. Les tribunaux prêtent une attention particulière à ce type de situation, d’autant plus si l’absence dissimule une mauvaise performance ou une surconsommation flagrante. Plus d’un jugement récent a tourné à l’avantage du locataire dès lors que le bailleur a tenté de passer entre les gouttes.
Ce n’est pas tout : la sanction administrative peut se révéler douloureuse. L’autorité de contrôle, la DGCCRF, a le pouvoir d’infliger des amendes qui peuvent grimper jusqu’à 3000 euros pour un particulier, et monter à 15 000 euros lorsqu’il s’agit d’une société. Ne pas fournir de DPE dans le dossier technique revient à ouvrir la porte à ce type de sanction, et cible tout particulièrement les logements considérés comme passoires énergétiques.
Le DPE est loin d’être une formalité anodine : il protège, il informe, et il engage la responsabilité du bailleur, aussi bien sur la performance énergétique que sur les émissions du bien mis en location.
Anticiper et sécuriser sa mise en location grâce au DPE
S’affranchir des mauvaises surprises impose de jouer la carte de la méthode. Le diagnostic de performance énergétique n’est pas un frein, c’est une aide : il permet d’anticiper la consommation du logement, sa note énergétique, et d’identifier dès le départ les éventuelles améliorations à apporter. Faire intervenir un professionnel certifié offre une photographie claire et objective, que personne ne pourra contester.
Le DPE vient automatiquement enrichir le dossier de diagnostics techniques à remettre au locataire. Il précise la consommation théorique, la classe et les émissions attendues de gaz à effet de serre. Rarement, certains logements atypiques ou vétustes reçoivent un DPE vierge, faute de méthode de calcul, mais ces cas restent marginaux.
Communiquer le DPE dès la première annonce inspire confiance et peut inciter à mener à bien des travaux : isolation, chauffage plus performant, rénovation énergétique… Autant d’actions stratégiques pour gagner une meilleure notation, alléger les charges, et respecter les seuils qui se durcissent à chaque nouvelle loi.
En agissant dès l’amont, chaque bailleur protège la valeur de son bien et bâtit une relation sereine et solide avec son futur locataire. La performance énergétique n’est plus un détail : c’est un critère de choix autant pour le locataire que pour la tranquillité du propriétaire. L’époque où la mention du DPE était accessoire est révolue : chaque transaction se construit désormais sur un socle de transparence et de responsabilité.
Louer sans DPE aujourd’hui, c’est vouloir traverser un pont dont les planches sont vermoulues. Miser sur la transparence, c’est choisir un chemin sûr : fiable pour le propriétaire, rassurant pour le locataire, gagnant pour tous.


